Jadis tabou et associée exclusivement à la délinquance et à la criminalité, la consommation de drogues s’impose aujourd’hui comme un fait social qu’il est important de comprendre et d’en parler en famille et dans la société afin de s’en prémunir ou au moins en minimiser les conséquences. En effet, les drogues sont de plus en plus présentes dans tous les milieux, en ville comme dans les campagnes. Les consommateurs de drogues, qui sont de plus en plus jeunes sombrent dans le piège de la drogue par curiosité mais parfois par ignorance des effets réels ou des conséquences. Certains consommateurs de drogues deviennent facilement prisonniers de cette consommation qui impacte assez souvent toute leur vie.
Parfois, il est difficile de savoir si une personne de notre entourage, proche ou non qui consomme de la drogue souffre d’une dépendance ou addiction. Habituellement quand vous lui posez la question, elle vous répond toujours avec des phrases du genre : « Je gère » ; « T’inquiète pas, j’ai le contrôle », « Je peux m’arrêter quand je veux »…
Je suis certain que vous avez déjà écouté ce genre de phrases plusieurs fois, si vous avez un consommateur de drogue dans votre entourage. Parfois, les discussions autour d’une consommation problématique d’alcool ou de drogue entraînent des conflits et une certaine rancœur dans les relations, à tel point que l’on finit par éviter le sujet. Il est cependant important que les individus adoptent une approche rationnelle afin de déterminer si leur proche a un réel problème avec sa consommation de drogue ou d’alcool pouvant mettre en danger sa vie ou celle de ses proches. En effet, reconnaître les signes d’une dépendance n’est pas toujours facile. Comme elle s’installe de façon très progressive et insidieuse, les conséquences négatives tardent à être vues. Pourtant, en décelant certains changements de comportement ou d’apparence, il est possible de donner l’alerte et de demander de l’aide.
C’est pour cette raison que la FONDATION KAM-SIHAM (Centre spécialisé dans la prise en charge de sevrage), dans le cadre de ses activités de prévention, propose le présent article de sensibilisation, pour aider les populations repérer le danger avant qu’il ne soit trop tard.
Quand parle-t-on de dépendance ?
On parle de dépendance quand le besoin de répéter la consommation vient satisfaire un manque, une envie et se reproduit de plus en plus souvent. Au départ, la consommation de drogue ou d’alcool est plus ou moins occasionnelle (usage) puis se transforme en « abus » quand elle commence à avoir des conséquences négatives. Le stade de dépendance est le stade ultime pendant lequel le besoin de consommer prend toute la place dans la vie de l’addict, qui a pourtant conscience des problèmes qu’il lui pose au quotidien (santé, financier, relationnel…).
En effet, la dépendance à l’alcool ou à la drogue entraîne habituellement des conséquences très néfastes dans tous les aspects de la vie de la personne concernée : dans ses relations, au travail, sur son état physique et sa santé mentale. Elle peut aussi mener à des ennuis avec la justice, des problèmes financiers et un isolement extrême, augmentant ainsi le risque de dépression, d’anxiété et de surdose. Ce cercle vicieux peut devenir extrêmement destructeur, il est donc important de connaître les signes et les symptômes de la dépendance, afin d’intervenir rapidement et d’obtenir de meilleurs résultats. Plus tôt elle est détectée, et plus il sera possible d’agir pour l’aider.
Quels sont les signes et symptômes physiques de la dépendance ?
En fonction de l’intensité de la dépendance et du type de drogue, les signes surviennent de façon plus ou moins intense avec des conséquences dans la vie familiale ou professionnelle. Dans les cas les plus graves, toute la vie quotidienne du consommateur est uniquement centrée sur la drogue ou l’alcool et la recherche de satisfaction.
En général la personne addict ne peut résister à l’envie d’assouvir son besoin de consommer et ressent une augmentation de sa tension nerveuse avant de passer à l’acte. Une fois le passage à l’acte réalisé, un sentiment de soulagement plus ou moins durable s’installe. Vient ensuite le cercle vicieux de la consommation : l’arrêt de la pratique addictive entraîne une anxiété et un état dépressif parfois tellement forts que la vie apparaît vide de sens et que le mal-être envahit tout le quotidien. C’est seulement la consommation qui vient soulager momentanément cette douleur psychologique, entraînant progressivement une perte de contrôle.
En fonction de la substance, du mode de consommation, des caractéristiques propres du consommateurs; des symptômes physiques peuvent apparaître. Ils se traduisent en général par des signes qui surviennent pendant les périodes de sevrage ou de manque :
• Tremblements et sensation de froid ;
• transpiration excessive ;
• difficultés de concentration ;
• troubles du sommeil (la personne trop ou à des difficultés à s’endormir) ;
• La personne est tout le temps stressée lorsqu’elle n’a pas sa drogue ou lorsqu’elle n’a pas bu, et parfois est victime des attaques de panique ;
• La personne se plaint de maux de tête, des vertiges, douleurs physiques, des troubles du transit (diarrhée, constipation, vomissements…) sans cause apparente ;
• Fatigue générale injustifiée.
• hallucinations…
A côté de ces signes, Certains évènements peuvent alerter quant à une consommation problématique, ou à une addiction déjà installée :
• Changement inexpliqué dans les activités de la vie quotidienne de la personne ;
• Changement soudain de l’appétit, entraînant une prise ou une perte de poids ;
• Mauvaise hygiène ;
• Odeurs corporelles inhabituelles ;
• Yeux rouges ou pupille plus grande ou petite que d’habitude ;
• Les yeux qui brillent régulièrement ;
• Blessures physiques inexpliquées, contusions ou marques ;
• Paumes des mains moites, froides ;
• Visage bouffi, rougeurs ou pâleur ;
• Hyperactivité extrême; volubilité excessive ;
• Écoulements nasaux, saignements de nez anormaux ou toux sèche ;
• Marques de seringue sur les avant-bras, les jambes ou l’arrière du pied ;
• Irritation de la peau inexpliquée, apparition d’acné ou éruption cutanée ;
• Des troubles de l’humeur : Humeur anxieuse ou dépressive ou au contraire une euphorie excessive.
Quels sont les troubles du comportement liés à la dépendance ?
Les signes physiques précédemment cités peuvent être associés ou non à des troubles du comportement plus ou moins important en fonction du profil psychologique du patient, de son environnement social et du type de drogue qu’il consomme. On a habituellement comme signes comportementaux pouvant vous alerter sur une consommation abusive ou une addiction :
• La consommation de la drogue ou de l’alcool jusqu’à l’overdose ou le coma alcoolique ;
• La consommation à des périodes inappropriées, comme tôt le matin ;
• Le manquement aux obligations professionnelles, familiales ou scolaires sans cause apparente ;
• La perte de relations proches dues à un comportement inapproprié ;
• Le vol ou l’emprunt d’argent à des tierces personnes ;
• Un comportement mystérieux et défensif concernant les activités quotidiennes, les affaires personnelles et la consommation de drogues ou d’alcool;
• Les changements d’humeur ou sautes d’humeur anormaux et un comportement imprévisible et inhabituel ;
• Des problèmes de gestion de la colère avec crises de nerfs et augmentation de l’agressivité ;
• Perte d’intérêt pour les activités habituelles, surtout celles qui étaient considérées comme plaisantes dans le passé.
Si la dépendance physique appelée couramment syndrome de manque, est l’aspect de cette maladie que redoute le toxicomane, c’est plutôt la dépendance psychologique qui est la dimension la plus complexe et responsable de la rechute.
Il est important de souligner que de nombreux individus qui abusent de l’alcool abusent aussi d’autres drogues. L’abus de plusieurs substances peut représenter une situation cliniquement très complexe, nécessitant des interventions spécialisées et diversifiées, particulièrement le sevrage, qui diffère considérablement de la simple « désintoxication ».
Que faire lorsque le problème (abus de substance ou dépendance) s’est vraiment installé?
RDV dans notre prochain article.
Pour toutes informations complémentaires, contactez le Centre de sevrage au 699418003 ou le 675131652.
Dr Totoum, Médecin, Fondation kam-siham.